• Le temps du bilan

    Le temps du bilan

    L'été est déjà bien entamé (bon sang, on est déjà début août ?!), il est temps de faire un petit bilan de cette première année d'IEF. Alors quelles ont été ces craintes et appréhensions qui nous ont si longtemps fait hésiter et quelles impressions avons nous avec le recul de cette première année.

                                          L'organisation de l'instruction

    C'est l'un des petits points un peu négatifs de cette année. Question de choix pédagogiques. Je partais assez confiante dans le unschooling. Convaincue que ma Fée, après avoir été récupérée à la petite cuillère de l'école, avait besoin de calme et de liberté et que, par conséquent, la laisser apprendre par elle même et pourvoir à mesure à sa demande d'apprentissages serait le mieux. Je m'étais donc surtout renseignée sur cette "méthode". Force a été de constater que ce n'était ni pour moi ni pour elle. Peut être était elle trop imprégnée de scolarisation, je l'ai très vite trouvée désœuvrée, n'ayant goût à rien, devenant nonchalante et irrespectueuse, peut être que c'est moi qui n'ai pas su faire confiance et la laisser passer sa "crise" post scolarité mais un mois comme ça m'a suffit!! Tout à coup le unschooling m'a paru être la plus foireuse des idées du monde (je suis redevenue plus nuancée, je rassure les pratiquants!):

    - il était hors de question de laisser ma fille devenir une sauvageonne.

    - j'avais l'impression de me prendre bien plus la tête à surveiller ce qu'elle faisait et ce qu'elle pouvait bien en tirer d'instructif que si je lui faisait "l'école".

    Bref, définitivement le unschooling, je suis convaincue que ça correspond parfaitement à d'autres familles dont le mode et le rythme de vie le permettent, à d'autres enfants qui ont moins besoin de cadre pour être rassurés... Mais ce n'est pas pour nous!!

    Un temps de formel nous est nécessaire:

    - Fée est rassurée par ce temps quotidien qui lui est vraiment consacré. Elle avance vite et est demandeuse d'activités instructives,

    - Je peux suivre son évolution ce qui me permet de la laisser vraiment libre le reste du temps sans me prendre la tête ni la lui prendre à elle .

    Oui mais voilà. Du coup je me suis retrouvée sans programme, sans "cours", sans activités préparées et il a fallut assurer la transition! ça a donc été un petit peu galère, je me suis retrouvée à tout préparer en urgence, à fureter partout sur le net pour trouver des activités, à acheter des livres à en télécharger d'autres, le tout en m'occupant aussi des petits. J'ai dû passer pas loin du burn out à un moment donné tellement je me sentais nulle et incapable. Mais bon, cahin caha, nous avons passée honorablement l'année et, même si ce n'était pas très structuré, je ne pense pas que Fée ai de lacunes.

    Cette année sera donc organisée autour d'un programme de base reprenant à notre sauce les attendus de l'EN. ça ne nous empêchera pas de digresser en fonction des situations, des événements, des activités mais au moins nous auront une trame de référence.

    Conclusion:

    Je vois parfois passer sur certains groupes des messages allant dans le sens "avec internet on trouve tout donc: freestyle!", franchement, le freestyle c'est parfait pour le unschooling. C'est faisable pour le homeschooling sans cpc (effectivement la toile regorge de bons sites permettant de trouver quantité de choses intéressantes) mais ça prend énormément de temps en recherche et préparations. Je pense qu'avoir au minimum une bonne idée de ce qu'on va faire assez longtemps à l'avance permet une sérénité non négligeable. Selon moi, à moins d'avoir énormément de temps devant soit, il vaut mieux se prendre la tête quelques semaines au préalable pour se construire une bonne trame annuelle (mensuelle, trimestrielle... au choix.) et être tranquille d'esprit que de chercher des cours au dernier moment. En tout cas, pour ma part, j'ai trouvé ça compliqué.

    L'organisation générale; insérer l'IEF dans notre quotidien

    Deuxième point qui a nécessité de nombreux ajustements au départ. Déjà, conséquemment au changement de pédagogie, il a fallut trouver un temps pour faire du formel et déterminer quel créneau serait le mieux pour tous et que ni l'instruction, ni l'accueil des petits, ni le besoin affectif des uns et des autres, ni mon temps personnel n'en pâtissent. Nous avons vraiment trouvé notre rythme et une organisation qui roule à partir de fin novembre.

    Ensuite, après deux années  d'école, c'est bête à dire, mais il a fallut que Fée reprenne sa place dans le quotidien et ça a été une période un peu sensible pour nous deux... de son côté elle ne savait pas trop quoi faire et demandait beaucoup d'attention a des moments où moi, j'avais pris l'habitude d'être un peu tranquille. Il a fallut bien deux mois pour que nous nous réhabituions, qu'elle se réapproprie les temps du quotidien à la maison...

    Conclusion:

    Tout changement nécessite un temps d'adaptation et d'ajustement, passer de l'école à l'IEF n'y fait pas exception mais au final nous avons trouvé quelque chose qui nous convient et à présent, nous sommes ravis. J'aurais beaucoup de mal à faire le switch dans l'autre sens si elles en exprimaient l'envie tellement tout est devenu fluide.

                     Le rythme

    J'étais déjà assez consciente de l'éloignement du rythme scolaire avec le rythme réel des enfants, j'étais loin d'imaginer qu'il était à ce point aux antipodes.

    Premièrement, je ne sais pas comment l'éducation nationale réussi à tirer quelque chose le matin de petits tirés du lit et pressés par les parents pour commencer une journée à 8h30 mais pour ce qui est de ma marmotte, il est très compliqué de la mettre au travail avant 9h30 bien, bien, bien tassées. Elle est beaucoup plus encline à faire fonctionner sa cervelle en fin de matinée et début d'après midi. L'IEF nous a permis d'en prendre compte et  d'avoir un temps de travail fluide et plaisant.

    Ensuite, il parait évident que le temps passé à faire l'instruction à la maison est loin, loin du temps que les enfants passent à l'école. En 1h30 quotidiennes, on abattait une quantité de travail vraiment très importante. ce qui par conséquent m'amène à bien vouloir croire les enfants qui répondent "on à rien fait" quand on leur demande comment leur journée d'école a été occupée.

    Pour finir, nous nous sommes rendus compte d'une absolue nécessité d'une grande pause hivernale où le travail a été considérablement réduit voir, à un moment, suspendu. Ayant vu passé plusieurs blogs parlant de cette pause également, j'en conclue que faire travailler des enfants après les fêtes de fin d'années est à la limite du criminel!

    A cela on peut ajouter une grande amélioration de mon rythme personnel et professionnel: plus besoin de regarder la montre pendant le repas, de réveiller les petits pendant la sieste, de courir à l'école. Bref, un rythme plus agréable pour tout le monde.

    Conclusion:

    Il n'y a absolument pas match, cette année m'a absolument confirmé que même avec un temps de travail formel, l'IEF est une bénédiction pour le rythme biologique des enfants. On travaille quand leur capacité est optimale, on fait une pause ou on change d'activité quand ça décroche, on change d'horaire ou de méthode quand on veut, on rattrape plus tard quand il y a un petit virus... bref. je ne suis pas surprise que quand des études mettent les deux face à face, l'IEF supplante allègrement l'école.

                                             La socialisation/sociabilisation

    J'en avait déjà fait un long article, la "coupure" avec les copains était LE point qui nous a le plus retardés dans notre prise de décision. Je ne sais pas si c'est le cas pour tous les IEFeurs, mais pour notre part, la vie sociale des filles (et la notre, par conséquent) est devenue beaucoup plus riche et intéressante:

    - Un grand réseau; Le réseau Nonsco Bourgogne est vaste et très actif. Des membres ont même créée une association proposant des activités et sorties éducatives en groupe et mis en place un calendrier de journées de rencontres libres hebdomadaires. Ce sont en moyenne une vingtaine d'enfants qui se retrouvent au moins une fois par semaine, les filles se sont fait des amis dans ce "petit" groupe qu'elles retrouvent avec plaisir.

    - Des voisins et des copains à proximité aussi bien scolarisés que non sco.

    - Des activités "périscolaires" auxquelles Fée a plus d'énergie pour se consacrer.

    - Du temps avec nous, dans nos activités associatives comme dans notre quotidien.

    Conclusion:

    Non, elles ne voient pas des dizaines d'enfants 5 jours par semaines (dans des conditions particulières (on rappellera que les normes d'espace par élèves à l'école sont les mêmes que celles des poulets fermiers (un tout petit peu moins de 2m² par individus.

    Le temps du bilan

    un enfant étant un peu plus gros qu'un poulet. En principe.) et que le temps libre en espace extérieur est plus conséquent pour les détenus que pour les élèves. jdçjdr)), mais les rencontres et les interactions sont de largement meilleure qualité. Plus spontanées, plus libres, plus choisies. Encore un point de plus pour lequel nous ne regrettons pas l'IEF.

                       Le long terme

    Quand nous avons déscolarisée Fée, elle était dans un état catastrophique... Perte de poids, énurésies nocturnes, maux de ventre, début de bégaiement, hurlements tout les matins dans les vestiaires, défiance envers les autres. Les maîtresses m'assuraient qu'elles ne voyaient pas de problèmes à l'école ce qui m'a pas mal culpabilisée sur un éventuel problème à la maison ce sur quoi on s'est pas mal focalisés au début. Fée, elle, nous a réclamé l'école à la maison quand nous avons évoquée cette possibilité en la voyant sombrer de plus en plus (bonjour le retournement de cerveau). Ce fut donc toute une joie pour elle quand nous avons pris notre décision. En revanche, j'avais peur de ce qu'il en serait pour le long terme. Si elle ne finirait pas par s'ennuyer et réclamer de retourner à l'école.

    Pour être honnête c'est arrivé pendant ce fameux "foirage de décision pédagogique" et temps de réadaptation, soit début octobre... Dans ma tête à la base de la décision, je m'étais dis que si elle voulait retourner à l'école, ça ne me poserait pas de problème. Devant le fait accompli, je l'ai atrocement mal pris! Je l'avais vue tellement ravagée à la fin de l'année scolaire quelques mois auparavant que ça m'a fichu un sacré coup.

    On a discuté. Je lui ai expliqué qu'elle ne pouvait pas naviguer de l'un à l'autre sans arrêt, que c'était elle qui avait demandé à faire l'école à la maison. Je lui ai demandé pourquoi ça ne lui plaisait plus et ce qui lui manquait de l'école:

    1. de faire des activités (remballe tes dents et ton unschooling!)

    2. ses copines (j'avoue qu'à l'époque on n'avait pas encore bien intégré le réseau et mis en place les rencontres.)

    Nous nous sommes convenues de mettre des choses en place et de nous laisser jusqu'au mois de Janvier. Si à ce moment là elle voulait toujours retourner à l'école, elle y retournerait.

    La réorganisation a été efficace car elle n'en a plus parlé.

    Quand récemment nous avons évoqué avec elle le fait de retourner au CP, il n'en était pas question. Je pense que ses petites oreilles ont traîné du côté des discussions des adultes pendant les rencontres mais elle nous a dit "qu'elle ne voulait pas passer ses journées à l'école pour encore faire des devoirs après, quand on fait l'école à la maison quand on a fini de travailler on est tranquille", peut être le fait que je la freine a aller voir les voisins en semaines scolaires en lui expliquant que son copain est surement fatigué de sa journée d'école et qu'il a probablement encore des devoirs à faire. Aussi. Bref, elle s'est faite son opinion.

    Pour ce qui est des points sur la santé, la confiance et le relationnel, c'est le jour et la nuit! Il a fallut du temps, elle s'est réparée doucement mais le fait de rester à la maison lui a clairement été bénéfique. Aujourd'hui nous la retrouvons comme elle était avant sa scolarisation: imaginative, avenante, curieuse, avec son bon petit caractère de cochon...

    Conclusion:

    Il faut tenir le cap et se laisser du temps!

    Bilan

    Le bilan est donc très positif, surtout sur la fin de l'année! Passer de l'école à l'IEF c'est un sacré changement, ça bouscule les habitudes et ce que l'on pensait acquis. Au final c'est une redécouverte des uns et des autres.

    Passée la petite charnière de réadaptation et de mis en place, l'IEF a permis:

    - à Fée de se sentir mieux et de réintégrer pleinement sa place à la maison et donc d'améliorer notre équilibre familial,

    - de remplir notre vie de façon plus riche,

    - de prendre encore un peu plus confiance en moi, en mes capacités de maman (même si j'ai perpétuellement le sentiment de pouvoir mieux faire) et d'affirmer mes convictions

    Par conséquent, on continue!! Mieux organisés, mieux rodés, mieux informés!

     

    En ce qui nous concerne, le passage à l'IEF n'a pas été un immense chamboulement. Je n'ai pas eu besoin de changer de métier ou de le quitter, nous n'avons donc pas eu de perte de revenus, nous avons commencé en douceur avec une seule enfant en IEF (et même pas en âge d'obligation scolaire, donc sans la pression de l'inspection pour cette première année)... Si vous voulez d'autres témoignages avec plus de changements familiaux, plus d'années d'expériences, c'est par ici:

    Chez Poule ou Coq

    Chez Echappés du Bocal

    Chez Oumzaza

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Août 2016 à 11:28
    Myriam
    Merci tu es adorable de m'avoir mise en lien. Un super bilan très réaliste et ça c'est chouette. Je le partage.
    2
    Mercredi 3 Août 2016 à 09:41

    Intéressant ton bilan !

    Concernant le unschooling, je partage ton avis sur le fait qu'il est plus difficile à mettre en place lorsqu'on sort de l'école, peut-être est-ce aussi une question d'âge. Ici quelques mois après l'école, elles avaient vraiment besoin d'être guidées. Nous nous sommes déformatées en douceur.  :)

    Quant au temps de recherche surtout à la dernière minute, je partage là aussi ton avis. Il était plus facile de préparer à l'avance que de répondre à leurs demandes au jour le jour, heureusement ouf ils grandissent et apprennent à chercher seuls !

    Bonne prochaine année libre d'école !

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    3
    Mercredi 3 Août 2016 à 19:13

    Merci pour vos retours!! ;) J'avais un peu peur que ça ai l'air trop négatif, je suis contente de voir que beaucoup partagent mes impressions! 

    4
    Jeudi 4 Août 2016 à 12:28
    olivia

    Je trouve ton bilan très intéressant.

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