• La fin de la liberté d'enseignement?

    La sphère IEF est colère, très colère.

    La fin de la liberté d'enseignement?

    Rappel du contexte

    Je vous avait déjà parlé ici du projet de loi proposé par Eric de la bande Des Républicains en Avril dernier.

    Histoire de dire qu'elle fait un peu moins pire -mais que quand même, c'est pas tout à fait faux, il faudrait voir à remettre les brebis galeuses de familles, ayant l'outrecuidance d'estimer pouvoir mieux éduquer leurs enfants que ne le fait l'Education Nationale herself, dans le droit chemin de l'école de la République (d'autant qu'elles se multiplient ces bougresses. Si on laisse faire, la future génération sera capable de penser par elle même. Bonjour le désastre!)- Najat du ministère de L'"Education" Nationale (oui, bon, ben ils font ce qu'ils peuvent.) ne va pas interdire l'IEF, mais a trouvé qu'il serait judicieux de modifier le Code de l'Education par l'article 14 du projet de loi égalité et citoyenneté, histoire que tous ces gens -certainement tous hippies fumeurs de joints ou salafistes souhaitant apprendre aux enfant la meilleur façon de tricoter une ceinture d'explosifs- soient mieux contrôlés.

    Pour les familles IEF un renforcement des contrôles, par la définition du lieu et des modalités de contrôle par le personnel de l'inspection académique et par des tests relatifs au différents paliers de cycle du socle commun de connaissance, de compétence et de culture, par l'injonction de rescolarisation dans les 15 jours en cas de deux refus non justifiés des contrôles.

    Pour les écoles privées hors contrat, par un allongement du délai administratif d'ouverture et par le passage d'un régime déclaratif à un régime d'autorisation à priori.

    Si l'intention est louable (laissons le bénéfice du doute. J'écris cet article avec du Chemical Brothers à fond les ballons dans les oreilles -c'en est à The Sunshine Underground- ce qui contribue probablement à mon calme) et que n'importe quel citoyen ne connaissant ni de prés ni de loin l'IEF et ses modalités (ainsi que devaient probablement l'être la majorité des députés présents au vote de ces amendements hier. Nous y reviendrons.) n'y verra qu'un bon sens salutaire, les réalités sont tout autre.

    1. En ce qui concerne les Ecoles Hors Contrat, avec le système déclaratif actuel, les contrôles annuels sont dans la législation (quand un enseignant du publique ou privé sous contrat n'est contrôlé que tout les 5 ans en moyenne et peut refuser les contrôles sans se voir inquiété) ainsi que la facilité de fermeture de l'établissement s'il s'avérait un cas de défaillance éducative, d'insalubrité ou de pratiques contraires aux bonne mœurs ou aux valeurs de la République (jeee... m'abstiendrais de balancer tous les articles de témoignages de maltraitance, d'établissement insalubres, d'actes de pédophilie le tout dans des établissements de la République, il n'y a qu'a faire une recherche chez l'ami Google, je ne parlerais pas non plus du taux d'illettrisme croissant chez les jeunes issus des écoles de la République. Oups, j'en ai parlé. bref).

    Qu'en sera t'il avec un régime d'autorisation préalable? Il y a certainement des tas de gens qui peuvent sembler bien sous tout rapport et inspirer confiance pendant les 6 mois d'instruction de l'autorisation et se révéler être les pires individus une fois les enfants sous leur giron. Une fois qu'on aura légalement autorisé l'ouverture d'une école qui se révélera défaillante à postériori, comment fera t'on pour la faire fermer? La question ne semble pas avoir de réponse pour le moment (encore quelqu'un qui n'avait pas dû penser à tout au ministère.)

    2. En ce qui concerne l'IEF, les contrôles existent déjà. De deux sortes, un contrôle de l'instruction par l'inspection académique de l'éducation nationale par an, un contrôle de la mairie du lieu de domiciliation de la famille pour vérifier les conditions de vie de l'enfant tout les deux ans. La possibilité d'injonction de rescolarisation face au refus des contrôles existe, la possibilité d'enquête sociale face a suspicion de maltraitance existe également.

    Actuellement, donc, nous sommes déjà contrôlés, assez rigoureusement, mais nous avons la loi de notre côté pour prévenir les abus. Malgré cela, des abus, il y en a quand même à l'heure actuelle:  des conditions d'examen de 3 heures en salle pour des enfants de CP, la séparation des enfants et des parents pourtant illégale (seule l'ordonnance d'un juge le permet, ce que n'ont, évidemment pas, les personnes en charge des contrôles), tests imposés (parfois par la ruse en envoyant les parents chercher un truc) malgré le refus des parents ou totalement en inadéquation avec les choix pédagogiques des familles... Les témoignages ne manquent pas.

    J'ai peur de ce que ça va être maintenant qu'ils auront toute latitude..

    Les tests, parlons en! Cela va à l'encontre de la liberté du choix d'enseignement et des choix pédagogiques des familles. En effet, si les familles refusent les tests sur leurs enfants ce n'est pas parce qu'elles ont peur que l'on découvre que les petits apprennent à démonter et remonter des kalachnikov ou qu'ils courent tout nus dans les champs avec des fleurs dans les cheveux toute la journée comme il l'a été insinué par Mme Corre, rapporteuse lors du débat, par un un "si [les familles] n'ont rien à cacher, elles n'ont pas à craindre les contrôles", mais bien parce que la plupart des familles IEF estiment d'une part que lesdits tests -dont l'echec, pouvant avoir de multiples raisons autre qu'une défaillance éducative (le stress, le fait qu'un petit de 8 ans n'a jamais eu (et n'a pas) à passer d'examen portant sur le programme d'une année entière quand les enfants de son âge ne sont contrôlés que sur une leçon à la fois, par exemple), motiverait une injonction de scolarisation- font peser le poids du contrôle sur l'enfant quand il est prévu légalement qu'il porte sur l'instruction donnée par les parents et d'autre part, que les tests, faisant office de sanction ou récompense, nuisent à l'envie d'apprendre pour apprendre pour motiver l'envie d'apprendre pour être récompensé.

    En outre, les familles IEF, ayant encore la liberté pédagogiques ont le choix des méthodes d'enseignement qu'ils donnent à leurs enfants ainsi que du rythme de l'apprentissage suivi. Certains enfants IEF vont donc être en avance sur certaines matières car passionnés par celle ci, et plus en retard sur d'autre a un moment donné parce qu'il n'y seront pas sensible et ne s'y adonneront avec efficacité que quelques années plus tard.

    Nous faisons le choix de l'IEF pour que l'instruction que nous donnons à nos enfants soit adaptée à ces derniers et donc qu'elle soit efficace dans leur construction d'adultes éclairés, épanouis et citoyens.

    Par conséquent, la volonté du ministère de nous imposer la progression du socle commun par pallier de cycle (fin CE2, fin 6ème et fin 3ème) va, je me répète, totalement à l'encontre de cette liberté pédagogique pourtant portée à la constitution. Qui plus est la position de juge et partie que prendra dés lors l'éducation nationale ne fera que renforcer la pression sur les familles et les enfants.

    On n'interdit pas l'IEF, certes, mais on va tout faire pour rescolariser un maximum d'enfant en faisant peur au familles et en demandant aux enfants IEF d'atteindre des objectifs que leurs camarades scolarisés n'atteignent bien souvent pas.

    Comment on en est arrivé là?

    Plusieurs points sont soulevés:

    La crainte de la radicalisation. Comme je l'avais précisé sur mon précédent article sur le PPL Ciotti, TOUS les terroristes ayant sévis ces dernières années sont issus d'écoles de la république. C'est bien la preuve que l'IEF est à craindre. On parle également de certaines écoles privées hors contrat qui seraient sous l'emprise de salafistes, au conditionnel puisque étonnamment, on ne dispose d'aucun chiffre précis (les ragots de comptoir, valent autant). De plus si de telles écoles existent, pourquoi toutes les dispositions légales ne sont pas prises pour les faire purement et simplement fermer plutôt que d'enquiquiner tous les autres? ("Ha tiens, on n'y avait pas pensé non plus à ça!").

    L'augmentation des ajournements et procédures par les familles IEF face aux modalités de contrôles. En gros on nous reproche de connaitre la loi, alors même que nul n'est censé l'ignorer mais qu'il semblerait que ce soit le cas de ceux qui nous administrent, et de défendre nos droits face à des modalités de contrôles abusives comme ayant pu être décrite précédemment. En somme, "ça nous fait ch**r que vous connaissiez mieux la loi et vos droits que nous donc du coup on va modifier tout ça à notre avantage! nananèreuh!"

    L'augmentation fulgurante des familles non ou dé scolarisantes, mais ne remettons surtout pas en cause les résultats catastrophiques de l'école de la République ni les conséquences des réformes. Puisqu'on vous dit que ce sont tous des hippies, des salafistes ou des bourgeois catholiques!

    Non, rien de plus précis dans les textes officiels. Il faut croire que tout va tellement mieux qu'il y a du temps à perdre sur les 25 000 enfants instruits en familles et qui s'en portent bien.

    Et donc?

    Et donc les familles et associations IEF ou promouvant la liberté d'instruction se sont mobilisées fortement, se regroupant en fédération, interpellant par courrier ou de visu leurs députés pour que l'assemblée vote contre cet amendement.

    Ce mouvement avait réussi à faire adhérer l'opinion de 203 députés qui avaient votés 19 amendements contre cet article.

    Remplis d'espoir, nous espérions que le taux d'absentéisme légendaire à l'hémicycle joue en notre faveur.

    Hors hier aux alentours de 20h ce sont seulement 49 députés sur 577 (une soixantaine étant effectivement présents, ayant l'air de se demander ce qu'ils faisaient là et de quoi ils parlaient au juste. Les autres devaient avoir barbecue, avec l'été qu'on a il faut profiter du beau temps) qui ont émis leurs voix au sujet de cet article 14: 32 voix pour, 17 voix contre (je me joins aux autres bloggers pour exprimer ma gratitude envers ces députés qui, en plus de voter en faveur du respect de la liberté, ont eu de lucides et brillantes interventions tout au long du débat.).

    Pour une modification de loi allant à l'encontre d'une partie majeure des valeurs de la république qu'elle prétend défendre, la liberté et contre le droit constitutionnel.

    La ministre, elle devait avoir manucure puisqu'elle n'était pas non plus présente.

    On a de quoi être fumasses.

    Et maintenant?

    Maintenant, on continue! Aprés les députés, les sénateurs, les potentiels candidats aux élections, nous continuerons à les interpeller pour leur montrer les réalités de l'IEF et les modalités légales déjà en place!

     

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  • Commentaires

    1
    Carine
    Vendredi 1er Juillet 2016 à 01:25

    Merci pour ton article, je suis si révoltée et triste que mes enfants ne pourront peut-être pas continuer à être instruits librement en famille :-(, mais j'ai encore de l'espoir et je veux me battre encore, je vais écrire aux sénateurs de mon département. Carine

    2
    Vendredi 1er Juillet 2016 à 08:35

    Une vision piquante des faits et une conclusion partagée !

    3
    Vendredi 1er Juillet 2016 à 08:55

    Clap clap clap : excellentissime exposé des faits. Je vais t'emprunter ta bande son, ça va peut-être me détendre. (Pssst, pour la ceinture : on avait un point de blé, c'est ça?) ;-p

      • Vendredi 1er Juillet 2016 à 11:11

        (he exactement, c'est le plus solide!! s'agit que les grenades tiennent!)

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